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Les caricatures politiques

du Charivari

"La porte de l'Enfer" par Benjamin Roubaud pour le Charivari

La Porte de l’Enfer
Le Charivari du 04 nov. 1834 - Gallica-BnF

Louis-Philippe, juché sur un escabeau transcrit sur la façade de la prison Sainte-Pélagie, à Paris, dans laquelle les détenus politiques étaient enfermés, un vers de La Divine comédie de Dante « Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate.»

Commentaire du journal Le Charivari du même jour : « la prison du Neuf-Août est comme l’enfer du Dante : lorsqu’on y entre il faut laisser toute espérance. Encore si on n’y laissait que cela ! » (Le 9 août 1830 est la date d’avènement de Louis-Philippe).

Le Monument de Juillet (ou Colonne de Juillet), place de la Révolution,
Le Charivari du 01 déc. 1834 - Gallica-BnF

La construction d’un monument commémoratif, place de la Révolution (actuellement de la Bastille), fut décidée en 1831 par Louis-Philippe pour honorer les victimes des journées des 27, 28, 29 juillet 1830 (Les Trois Glorieuses) qui l’ont porté au pouvoir. Il ne fut réalisé que de 1835 à 1840. Benjamin a donc conçu sa caricature alors que le monument n’existait pas et l’a dessiné à sa façon.
 
Edifiée sur le dos de Louis-Philippe, à quatre pattes, qui lui sert de socle, la colonne est ornée de têtes de morts et de tibias croisés, allusion aux dépouilles des victimes des journées de 1830 enfouies dans le socle.

Au sommet est placée une statue de la République attachée au pilori, portant un carcan et les mains liées, symbolisant ainsi la confiscation de la Révolution de 1830 par Louis-Philippe.

"Le monument de Juillet" par Benjain Roubaud pour le Charivari

Un caricaturiste politique sous Louis-Philippe

Détail de "La porte de l'enfer" de Benjamin Roubaud - autoportrait caché

On remarque dans les graffitis, en bas, à gauche, un autoportrait de Benjamin et une poire, allusion à Louis-Philippe.

De septembre 1833, à juin 1835, Benjamin dessina une vingtaine de caricatures politiques pour Le Charivari et sans doute d’autres, qui non signées, rappellent bien son style (plus d’une trentaine).

Ces planches mettent en scène Louis-Philippe, apparaissant comme un personnage corpulent, vêtu d’un large manteau portant un chapeau à cocarde tricolore et muni d’un grand parapluie à baleines. Sont aussi représentés, les ministres, ou proches du roi, voire même des membres de sa famille.

Les sujets évoqués relèvent de la politique nationale ou internationale. Ces caricatures évoquent parfois des thèmes mythologiques, ou littéraires, et présentent un décor souvent constitué par les rues ou monuments de Paris.

La première caricature de Benjamin dans le Charivari : Ânes, Hi han Hi han
Le Charivari du 5 septembre 1833 – Caricatures politiques  N° 78. Gallica-BnF

Cette amusante caricature a été dessinée avec Paillet, artiste dont nous ne savons rien.

Elle met en scène Jean-Pons, Guillaume Viennet (1777-1868 ), personnalité en vue sous la monarchie de Juillet, ami de Louis-Philippe. Ancien soldat , devenu homme politique et député, il était aussi homme de lettres, ennemi résolu du mouvement romantique, et fut élu à l’Académie. Il fut également une des cibles favorites, et facile, des journaux d’opposition, dont Le Charivari et La Caricature, tant pour ses positions politiques, que ses productions littéraires.

Sur cette planche, il est représenté assis sur un âne, brandissant la lyre du poète et entouré d’un groupe d’ânes en train de braire dans un joyeux concert. Cet épisode évoque sa visite de 1833, à Estagel, dans les Pyrénées orientales, visite au cours de laquelle il fit halte dans une auberge pour se restaurer. Les opposants politiques du lieu avaient amené devant l’établissement un troupeau d’ânes qu’ils excitèrent pour les faire braire tous ensemble. Comme on le voit sur la caricature, les titres de deux de ses œuvres dépassent de sa poche : l’Epitre aux mules et l’Epitre aux chiffonniers.

Caricature de Jean-Pons-Guillaume Viennet par Benjamin Roubaud dans le Charivari : Ânes, Hi han Hi han
Portrait de Jean-Pons-Guillaume Viennet

Benjamin mit en scène Viennet dans d’autres caricatures et des situations peu glorieuses
Ce dernier, d’un caractère simple et droit, ne lui en tînt pas rigueur et  il permit à Benjamin de faire son portrait, en 1841, pour La Galerie de la presse, de la littérature et des beaux-arts, portrait classique, finement dessiné et expressif.

Vous me crottez mon cher
Le Charivari du 8 janvier 1834. Gallica-BnF

Commentaire de la planche donné dans le journal : le dessin d’aujourd’hui représente le Système matérialisé (c’est-à-dire Louis-Philippe) abritant la France sous son riflard, en ce temps d’orages politiques. « Vous me crottez mon cher » lui dit la France; reproche qui n’est malheureusement que trop juste…appliqué au Système de la halte dans la boue.

"Vous me crottez mon cher" par Benjamin Roubaud pour le Charivari

Gallica-BnF