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Quelques lithographies humoristiques
sur la vie sociale de l’époque

Les Fumeurs d’opium français
La Caricature provisoire du 02/01/1842. Gallica-BnF

Les fumeurs d'opium français - Benjamin Roubaud

Au 19e siècle, l’opium était consommé dans les milieux littéraires. Citons Théophile Gautier, Baudelaire, ou Alphonse Karr, fumant à la recherche de visions oniriques, source d’inspiration.

Si la monarchie de Juillet vit éclore les œuvres de grands auteurs comme Hugo, Balzac, Gautier, Dumas, Nerval…., il n’en demeure pas moins qu’elle vit aussi prospérer une littérature médiocre. Littérature pesante,  ennuyeuse, possédant la vertu soporifique de l’opium.

Sur le canapé vert, nos trois «opiomanes » représentent trois genres littéraires particulièrement somnifères :  la philosophie doctrinaire, le mauvais théâtre et la prose des journaux politiques.

Surprise
La Revue des Peintres (1837). Collection privée

Légende du tableau :
« Que faites-vous là Jeannette !»

Surprise - Benjamin Roubaud

Cette lithographie reproduit le tableau « Surprise » exposé en 1837.
C’est une scène humoristique telle que Benjamin les affectionnait, il réalisa plusieurs tableaux dans cette veine amusante et malicieuse qui était en vogue à l’époque.

Aujourd'hui, à minuit, grand bal masqué - Benjamin Roubaud

Aujourd’hui, à minuit, grand bal masqué
La Caricature provisoire du 06/02/1842. Collection privée

Légende :

Aujourd’hui à minuit grand bal masqué au théâtre de ***. Ces fêtes brillantes continuent à attirer l’élite de la société parisienne (extrait de tous les journaux).

Commentaire de la revue La Caricature : « le crayon véridique de Benjamin s’est chargé de donner à tous ces masques leur véritable physionomie et il nous prouve ainsi que cette élite de la société parisienne arrive en ligne directe du quartier du Jardin des Plantes – établissement ainsi nommé parce qu’on y voit une foule d’animaux….Nous laissons à nos lecteurs le soin de chercher le nom de tous ces personnages en compulsant les œuvres de M. de  Buffon. »

Les festivités du carnaval restaient très vivaces et populaires sous Louis-Philippe et les bals masqués auxquels elles donnaient lieu étaient prisés par l’élite de la société de l’époque. Ces bals masqués avaient lieu à une heure avancée de la nuit.

Une Soirée du Quartier latin
Paris au 19e siècle (1840)

Collection privée

Une Soirée du Quartier latin, Paris au 19e siècle (1840) - Benjamin Roubaud

Cette planche dépeint une soirée joyeuse de la jeunesse de l’époque, avec le traditionnel punch flambé brûlant au centre de la table.

Elle est extraite de l’ouvrage « Paris au 19e siècle », édité par Aubert en 1840, sous la forme d’un album, grand in-quarto de 96 pages. C’est « un recueil de scènes de la vie parisienne dessinées d’après nature. » Les 48 lithographies qui l’illustrent sont des grands dessinateurs de l’époque (Daumier, Gavarni, Traviès, Benjamin...) et les courts textes (de 2 à 3 pages) sont signés des journalistes alors en vue. Deux des petits récits sont assortis de planches de Benjamin : Une Soirée littéraire et Une Soirée du Quartier latin (ci-dessous).

Lithographie Une Soirée d’étudiants
Le Charivari du 19/09/1834. Collection privée

Lithographie du tableau "Une Soirée d'étudiants" de Benjamin Roubaud

On note le caractère modeste et dépouillé de cette chambre, chauffée avec une cheminée. Benjamin, en réalisant ce tableau, était à peine âgé de 22 ans.

Cette lithographie reproduit un tableau peint par Benjamin Roubaud, exposé en 1832 au Salon de l’Ecole des Beaux-Arts de Marseille, sous le titre « Intérieur d’étudiants à Paris », tableau reproduit ci-dessous.

Photographie du tableau "intérieur d'étudiants à Paris" de Benjamin Roubaud

Photo du tableau Intérieur d’étudiants à Paris, exposé en 1832 au Salon de l’Ecole des Beaux-Arts de Marseille.

Ce tableau, photographié vers 1930, à Alger, n’est pas localisé

Archives départementales des Bouches-du-Rhône

Un témoin amusé de la vie sociale et des mœurs

Au salon de 1837, Benjamin exposa le tableau humoristique et mouvementé Les Mauvais locataires reproduit sur la lithographie.

Les Mauvais locataires
La Revue des Peintres (1837). Collection privée

Les mauvais locataires - Benjamin Roubaud

Ce tableau fut repris dans la série des Mauvais locataires où il figure avec la légende  « Solo de propriétaire avec accompagnement de cors de chasse et voix de chiens » et avec une image inversée : les musiciens à gauche et les propriétaires, tirés du sommeil, à droite.

Les fumeurs d'opium français (détail) - Benjamin Roubaud

A l’extrémité gauche du canapé, le premier personnage a mis dans le fourneau de sa pipe un morceau de La Revue Indépendante.

Œuvres d'Ancelot - Le Constitutionnel - Revue des Deux-Mondes

Il devint ensuite Secrétaire général de la Préfecture de la Seine, puis conseiller municipal de Paris et député. Il reste connu pour avoir présidé la commission chargée de changer les noms de rues de Paris (1862).

Les fumeurs d'opium français (détail) - Benjamin Roubaud

Revue Indépendante - Revue-des-Deux-Mondes

Il s’agit de Pierre Leroux, philosophe et penseur politique, fondateur de ladite revue en 1841, après avoir collaboré à La Revue des Deux-Mondes. La Revue Indépendante se voulait proche du peuple et développait des idées socialistes.
Pierre Leroux, qui aurait inventé le mot « socialisme », fut aussi député de la Seine et soutint la Commune de Paris.

A l’opposé, à droite, le personnage en train de bailler généreusement,  tout en fumant des pages du journal Le Constitutionnel, est Charles Merruau, rédacteur en chef dudit journal.

Il ne fume pas, mais prise, au moyen d’une tabatière contenant sa tragédie antique Arbogaste, jouée en 1841, qui malgré l’intérêt du sujet, n’eut aucun succès.

Les fumeurs d'opium français (détail) - Benjamin Roubaud
Les fumeurs d'opium français (détail) - Benjamin Roubaud

Il n’entretenait pas de relation avec Jacques Ancelot, écrivain, auteur dramatique et académicien, dont les Œuvres complètes (1838) sont posées à ses pieds. Il s’agit d’une flèche adressée, au passage, à cet auteur.

Enfin, assoupi au milieu du canapé, on reconnait aisément r Jean-Pons-Guillaume Viennet, auteur,  homme politique, ami de Louis-Philippe et tête de turc des journaux d’opposition. Aux pieds de Viennet, on voit un grand vase, avec dépassant du col des rouleaux de manuscrits portant une étiquette « Tragédies inédites de M. Viennet ».