L’avènement du roi Louis-Philippe marque le passage à une monarchie populaire fondée sur une Charte constitutionnelle. Soutenu par la bourgeoisie libérale (le parti du Juste Milieu), Louis-Philippe se heurte à différents mouvements d’opposition : celui des républicains, celui de la petite bourgeoisie qui veut pousser plus loin les acquis de la révolution de 1830 et celui des royalistes légitimistes.
La presse reflète ces différentes tendances. Tandis que le Constitutionnel et le Journal des débats soutiennent les intérêts de la bourgeoisie libérale, la presse d’opposition, de tendance républicaine, se constitue avec comme chef de file Charles Philipon, qui, en 1830, crée la revue hebdomadaire « La Caricature », puis en 1832, le journal quotidien « Le Charivari ».
Ces deux publications qui paraissent sur 4 pages connaissent un large public, à Paris et en province. Elles mettent à profit la technique de la lithographie qui permet de produire des illustrations en grande série : l’artiste dessine directement sur une pierre lisse qui est ensuite utilisée pour l’impression. S’appuyant sur une équipe de dessinateurs de haute volée qu’il a su constituer, tels Daumier, Grandville, Traviès, Pruche et Benjamin, Charles Philipon, polémiste de grand talent, attaque violemment, par l’écrit et la caricature, la politique de Louis Philippe et ridiculise sa personne allant jusqu’à représenter le visage royal sous forme d’une poire.
Dès 1833, et jusqu’au milieu de l’année 1835, Benjamin dessine des caricatures politiques dans ces deux journaux. Plus tard, en 1839, malgré la censure, il publie dans la revue La Mode plusieurs planches sur « la question d’Orient ».
Puis, les lois sur la censure rendent leur publication impossible. On remarque dans toutes ces planches la finesse de son dessin, le soin apporté à la mise en scène jusque dans les détails et son imagination moqueuse. Elles évitent le grotesque et la facilité souvent associés aux caricatures.