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Album d'Afrique

Scènes de mœurs et de types indigènes

Aquarelle par Benjamin Roubaud - Planche 1 de l'Album d'Afrique (Passementier, Costumes militaires algériens, Juive et Famille maure allant à la campagne)

Cette série de huit aquarelles, lithographiées, en noir ou en couleurs, fut publiée, en 1846, par Gihaut et Auguste Bry, puis, en 1858, par Challamel et par Bastide, libraires à Alger et Constantine.

Parue sous le titre Souvenirs d’Afrique, ou aussi Album d’Afrique, elle réunit des portraits d’indigènes et de colons, des scènes de la vie civile ou militaire. Les quatre premières planches contiennent, sur la même feuille, plusieurs sujets différents, les suivantes ont un motif unique.

Ces planches sont remarquables par la richesse et l’intérêt des sujets abordés qui sont finement représentés et souvent pris sur le vif. C’est l’ultime témoignage que Benjamin ait laissé de sa connaissance du pays.

Planche 1 - Album d’Afrique

Cette planche contient 4 motifs :
    - Passementier
    - Costumes militaires algériens (tenue de voyage)
    - Juive
    - Famille maure allant à la campagne.

Le Musée Longchamp de Marseille détient l’aquarelle de la Juive.

Collection S.P. Lohia

Cette planche nous montre successivement un colon de 2e classe, deux zouaves, un bivouac de spahis et un spahi en pied.

Les colons, installés très tôt en Algérie, étaient de 3 classes. Ceux de 1e classe, les plus aisés, se voyaient attribuer 10 hectares, ceux de 2e classe étaient d’anciens soldats et recevaient 6 ha. Enfin, les plus pauvres, de 3e classe, recevaient 4 ha.

Les zouaves étaient des soldats d’infanterie légère, recrutés d’abord parmi les soldats de la Régence d’Alger, puis d’origine exclusivement européenne.
Les spahis, soldats turcs au service de la Régence d’Alger, avant la conquête, rallièrent l’armée française. Ils formaient un corps de cavaliers redoutables dirigé par le général Yusuf.

Planche 2 - Album d’Afrique

Aquarelle par Benjamin Roubaud - Planche 2 de l'Album d'Afrique (un colon de 2e classe, deux zouaves, un bivouac de saphis et un spahi en pied)

Collection S.P. Lohia

L'aventure algérienne

Cinq motifs variés se succèdent sur cette planche : Négro, Bédouin, Mahonnaise, Colon de première classe, marchand de limonade.

Negro, sans accent, ce mot venant de l’espagnol où il signifie noir, est employé sans autre connotation. Les noirs, appelés aussi nègres, ou négresses, toujours sans aspect dépréciatif, constituaient une petite population de serviteurs domestiques amenés de force, achetés ou enlevés, des régions du sud, aux confins de l’Afrique noire, notamment du Niger. Ils pouvaient obtenir leur affranchissement notamment en adoptant la religion  musulmane et  exerçaient alors souvent les professions de boucher ou de peintre en bâtiment. Ils vivaient entre eux, le métissage n’existant pas.

Deux planches de La Galerie royale de costumes de Benjamin nous montrent Une « Esclave servante à Alger » et une « Négresse en costume de ville ».

Aquarelle par Benjamin Roubaud - Planche 3 de l'Album d'Afrique (Négro, Bédouin, Mahonnaise, Colon de première classe, marchand de limonade)

Planche 4 - Album d’Afrique

Collection S.P. Lohia

Négresse à la ville - Galerie royale de costumes par Benjamin Roubaud
Esclave servante à Alger - Galerie royale de costumes par Benjamin Roubaud

Les bédouins, peuple nomade, vivait de l’élevage pastoral, principalement de chèvres et de moutons et de cultures  passagères. Ils étaient aussi présents la ville d’Alger. Le portrait d’un bédouin en pied, en vêtement traditionnel,  a été dessiné par Benjamin  dans la Galerie royale de costumes.

Les mahonnais étaient une population coloniale venue essentiellement des Iles baléares dès 1830, et qui s’intégra facilement, mettant en valeur les riches terres agricoles autour d’Alger. Certains, aussi,  venaient comme saisonniers en Algérie.

Le colon de 1ere classe, catégorie la plus aisée, nous apparaît assez arrogant, en train de caracoler sur un beau cheval d’un blanc éclatant. Certains de ces colons, attirés en Algérie par le profit, étaient riches et menaient grand train. Ils ne semblent pas avoir recueilli la sympathie de Benjamin. Dans sa série les Troupiers en Afrique, planche 17, il nous présente également un colon, élégamment vêtu, tenancier d’un café, venu en Afrique « pour y planter des queues de billard et récolter les boudjous (monnaie locale) des amateurs de cognac ».

Le marchand de limonade au verre exerçait un petit commerce de rue, traditionnel, dans les villes. Boisson gazeuse très consommée et populaire, la limonade était servie fraîche, sans doute versée du grand récipient métallique à gauche du marchand.

Négresse à la ville
Collection privée

Esclave servante à Alger
Collection SP Loya